Arrêté, extradé, écroué, inculpé et, finalement, envolé. L’avocat franco-espagnol Juan Branco a embarqué lundi 7 août au soir à bord d’un avion d’Air Sénégal au départ de Dakar et en direction de Paris. Visé par un mandat d’arrêt international émis par le Sénégal, l’avocat qui conseille le principal opposant du régime Ousmane Sonko – lui-même poursuivi pour, entre autres charges, appels à l’insurrection – était entré « illégalement » sur le territoire, selon Ismaila Madior Fall, ministre de la justice.
Alors qu’il tentait de quitter le pays en passant par la Mauritanie, Juan Branco avait été arrêté samedi 5 août par les autorités mauritaniennes, qui l’ont remis à leurs homologues sénégalais. Incarcéré à la prison de Reubeuss à Dakar dans la nuit de samedi à dimanche, il était poursuivi pour « attentat », « complot », « diffusion de fausses nouvelles » et « actes et manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique ou à occasionner des troubles politiques graves », « séjour irrégulier » et « outrage à magistrat », selon ses avocats.
Lundi matin, l’auteur de Crépuscule a été présenté au juge d’instruction. Ce dernier l’a inculpé, mais lui a accordé une liberté provisoire et l’a donc placé sous contrôle judiciaire. « La seule mesure de restriction est de ne pas se prononcer sur le dossier en cours », assure Me Abdoulaye Tall, son avocat au Sénégal.
« Il n’est pas ressortissant sénégalais, il a sa famille, sa profession. Nous avons des accords de coopération judiciaire très sérieuse qui nous lie avec la France donc il n’y avait pas de raison de le garder dans le lieu de détention », s’est justifié le garde des sceaux lundi lors d’une conférence de presse, ajoutant, qui explique que la procédure de l’information judiciaire est toujours en cours et qu’il pourra être jugé dès qu’elle sera clôturée. « La coopération judiciaire fait qu’il peut par exemple purger cette éventuelle peine en France », a précisé le ministre.
Jusqu’à la tribune de l’Assemblée nationale
Cette affaire a pris une ampleur inattendue au Sénégal, jusqu’à s’inviter à la tribune de l’Assemblée nationale. Samedi 5 août, le ministre de l’intérieur avait confirmé l’arrestation de l’avocat franco-espagnol au milieu des débats parlementaires sur la modification du code électoral. Depuis, c’est sa libération qui fait polémique.
« Cette mesure bafoue l’honneur et la dignité de notre pays. Monsieur Branco nous a nargués. Il est venu ici, il a exploité la notoriété d’Ousmane Sonko pour se vendre. Il a insulté les magistrats, manqué de respect à nos institutions. Il a snobé les enquêteurs et le juge d’instruction en refusant de répondre à leurs questions », s’est emporté Mame Adama Guèye, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal sur les ondes d’iRadio.
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