Il ne se passe pas une journée sans que l’unité ukrainienne d’artilleurs mobiles à laquelle appartient le soldat Serhiy Gnezdilov ne soit appelée pour tirer des roquettes sur les forces russes positionnées au nord de la ville de Bakhmout. « Il arrive qu’on nous envoie cinq fois par jour », raconte le jeune militaire de 23 ans d’une brigade motorisée, au retour de sa première sortie de la journée.
Une heure trente plus tôt, à l’aube du vendredi 23 juillet, lui et d’autres soldats avaient pris la route à bord d’un pick-up surnommé « cauchemar mobile » à l’arrière duquel un canon antichar a été monté. L’objectif de la mission était de se rapprocher à moins de deux kilomètres des lignes ennemies afin de tirer quelques roquettes sur une position, un groupe de soldats autour d’une mitrailleuse lourde ; une tâche périlleuse, tant les bombardements russes sont intensifs, mais qui s’est achevée sur un succès, affirme encore Serhiy Gnezdilov de son air débonnaire.
Pour les soldats de cette unité déployée dans le secteur de Bakhmout depuis le mois de février, l’objectif de ces sorties consiste à « harceler et fatiguer » les forces ennemies, explique Serhiy Gnezdilov. « Nous nous préparons pour la grande bataille », dit encore le soldat, certain que l’armée de son pays parviendra à récupérer la ville capturée par la milice privée Wagner le 20 mai, après dix mois de combats féroces. De fait, depuis le début du mois de mai, les forces ukrainiennes avancent et récupèrent des morceaux de territoire sur les flancs nord et sud de Bakhmout.
« Tout le monde s’attendait à ce que la contre-offensive commence par le sud, explique d’un ton calme Andryi Bloschinsky, nom de guerre « Nuts », un commandant de section de la troisième brigade d’assaut rencontré dans un café de Kostiantynivka, une ville du secteur. Mais c’est ici que ça a commencé. » A l’aube du 6 mai, lui et ses hommes ont fait partie des premiers à enfoncer les positions russes déployées sur le flanc sud de Bakhmout à l’aide d’un tir de barrage de l’artillerie ukrainienne. « Nous avancions avec des groupes de seize personnes, précise Andryi Bloschinsky. Pendant qu’un groupe avançait, l’autre restait en arrière pour le couvrir en tirant. »
A 13 heures, huit heures après le lancement de l’assaut, les soldats de la troisième brigade avaient déjà réalisé l’exploit d’avancer de « 2,7 kilomètres », affirme-t-il. Soit une demi-journée pour « récupérer des positions que Wagner avait mis des mois à prendre », précise le jeune militaire avec un sourire moqueur. « Les Russes partaient en courant, ajoute Volodymyr Skorobagatch, nom de guerre « BBC », commandant de groupe au sein de la même brigade. On poussait tellement fort en tirant sans s’arrêter. Ils ne pouvaient pas tenir. »
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