En déclarant qu’elle ne rejetait « pas automatiquement » une alliance avec le parti d’extrême droite de Geert Wilders, Dilan Yesilgöz-Zegerius, qui espère succéder à son collègue libéral Mark Rutte à la tête du gouvernement, a lancé la campagne, vendredi 18 août, en vue des élections législatives qui se dérouleront le 22 novembre aux Pays-Bas.
Après avoir annoncé, le 7 juillet, la chute de sa quatrième coalition, en désaccord sur la politique d’asile, M. Rutte a indiqué qu’il se retirerait de la vie publique après le scrutin. Son Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD) a désigné Mme Yesilgöz, 46 ans, actuelle ministre de la justice, pour lui succéder comme tête de liste. Si elle remportait les élections, elle pourrait devenir la première femme à diriger un gouvernement à La Haye. Et, aussi, la première responsable d’origine étrangère (fille d’opposants kurdes, elle est née en Turquie) à accéder à cette fonction.
Vendredi 18 août, à l’issue d’une réunion de rentrée pour l’actuelle équipe ministérielle, la nouvelle dirigeante du VVD était interrogée sur l’éventualité d’une coalition entre la droite libérale et le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders. Celui-ci est entré à la Chambre des députés en 2006 en capitalisant sur un discours virulent contre l’islam et l’immigration. Mme Yesilgöz n’a pas fermé la porte à une éventuelle alliance avec le dirigeant d’extrême droite, qui est un ancien membre du VVD. « Voyons d’abord ses projets. Ce qui m’intéresse, c’est qui sera à la table des négociations, et avec quelles intentions, a-t-elle commenté. C’est à lui qu’il faut poser la question : sera-t-il constructif ou s’exclura-t-il de lui-même ? »
Pas question, en tout cas, d’exclure d’office un courant politique, d’autant que M. Wilders a lui-même évoqué récemment la nécessité d’un « nouveau départ », a insisté la responsable libérale. Au moment de la chute de M. Rutte, le chef du PVV lui avait rendu un hommage appuyé. Et un peu plus tard, il évoquait la nécessité d’oublier « les guerres d’ego », ce qui fut interprété comme une volonté d’enterrer la hache de guerre avec les libéraux.
Expérience très chaotique
En formant son premier gouvernement, en 2010, M. Rutte, alors à la tête d’une coalition minoritaire avec le parti chrétien-démocrate, avait obtenu le soutien de l’extrême droite au Parlement. L’expérience, très chaotique, a fait long feu : moins de deux ans plus tard, M. Wilders retirait son soutien. La rupture allait être définitivement consommée en 2014, quand le dirigeant d’extrême droite promettait « moins de Marocains » dans son pays, ce qui lui valut un procès pour incitation à la haine et à la discrimination. Il avait ensuite prôné l’interdiction du Coran et la fermeture de toutes les mosquées.
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