Cette année encore, une grande partie du Mexique manque d’eau. Après trois étés de forte chaleur, le pays a reçu un quart de précipitations en moins par rapport à la moyenne des trente dernières années. Un pic de sécheresse a été atteint en septembre. Actuellement, plus de 71 % de la surface du pays est « anormalement sèche », 19 % du territoire se trouve en « sécheresse extrême », et huit municipalités sur dix affrontent un « stress hydrique ». Et la saison des pluies touche à sa fin.
« Nous avons eu un grand nombre d’anomalies », s’inquiète German Martinez, le directeur de la Commission nationale de l’eau. En agitant une carte du Mexique qui recense les faibles précipitations enregistrées cette année, le responsable de la politique de l’eau déplore que la plupart des cyclones nés dans l’Atlantique et le Pacifique aient contourné le pays sans y déverser leurs pluies. « De plus, nous avons eu trois vagues de chaleur que nous n’avions pas observées depuis des décennies : il a fait plus de 50 °C dans les villes de Mexicali et Hermosillo. »
A Mexico, mégalopole pourtant installée sur le lit d’un vaste lac, asséché complètement au début du XXe siècle, et qui reçoit d’abondantes pluies tous les ans, la sécheresse menace la deuxième source d’approvisionnement en eau : le système Cuztamala. Via un réseau de 330 kilomètres de canaux et de barrages, il peut acheminer jusqu’à 15 000 litres d’eau par seconde à Mexico, soit un quart de la consommation de la ville.
Réduction du débit d’eau
Mais les retenues qui l’alimentent ont souffert du manque de pluies de ces trois dernières années ; elles ont perdu 60 % de leurs réserves, qui ont atteint le niveau le plus bas de leur histoire. Dans la station balnéaire chic de Valle de Bravo, érigée autour du lac artificiel du système Cutzamala dans les années 1970, la cuvette est aux deux tiers vide, malgré une averse tombée en milieu de semaine.
La situation est « critique », a reconnu Marti Batres, le maire de Mexico, qui pour la quatrième fois en dix-sept mois a annoncé la réduction du débit d’eau provenant du système Cutzamala. Au moins jusqu’au mois d’avril 2024, son approvisionnement sera réduit à 9 200 litres d’eau par seconde, soit 40 % de sa capacité, affectant l’arrivée d’eau dans vingt-huit municipalités et leurs millions d’habitants.
La baisse du débit du système Cutzamala exerce une pression supplémentaire sur le gouvernement dans l’épineuse question de la gestion de l’eau dans la capitale, où un tiers des habitants en reçoit déjà trop peu, et où des quartiers entiers dépendent des va-et-vient de flottes de camions-citernes – connues sous le nom de « pipas » – pour se ravitailler.
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