Rarement une visite officielle n’aura suscité autant d’intérêt aux antipodes : samedi 4 novembre, le premier ministre australien, Anthony Albanese, doit atterrir à Shanghaï, devenant le premier chef de gouvernement de son pays reçu par les autorités chinoises en sept ans. Sa rencontre avec le président Xi Jinping devrait marquer la stabilisation des relations entre Pékin et Canberra après trois années de fortes turbulences.
Afin de symboliser l’ouverture de cette nouvelle page, la date a été soigneusement choisie. Le premier ministre travailliste sera en Chine pour célébrer le cinquantième anniversaire de la visite historique de son prédécesseur Gough Whitlam, effectuée au lendemain de l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays, en décembre 1972. « L’Australie cherchera toujours à coopérer avec la Chine où elle le pourra et sera en désaccord là où elle le devra », a prévenu Anthony Albanese, lors d’une déclaration faite à Washington le 26 octobre après qu’il a été reçu par le président Joe Biden.
Le dirigeant australien a fait de cette phrase son mantra, depuis son arrivée au pouvoir en 2022 et durant les longs mois qui lui ont été nécessaires pour renouer le lien avec la Chine, rompu après avril 2020. Canberra avait alors réclamé l’ouverture d’une enquête sur les origines du Covid-19, provoquant un gel des relations sino-australiennes : les officiels chinois avaient cessé de répondre aux appels de leurs homologues australiens. Pékin avait ensuite infligé des mesures de rétorsion sur une dizaine de produits d’exportation portant sur une valeur annuelle de 20 milliards de dollars australiens (12 milliards d’euros). La relation entre les deux pays, déjà dégradée à la suite de l’adoption, par l’Australie, d’une série de mesures visant à défendre sa souveraineté et sa sécurité à partir de 2017, avait alors touché le fond.
« En soi, cette visite représente une forme d’accomplissement pour le gouvernement australien. Elle est une étape importante dans ses efforts pour stabiliser la relation », souligne Richard Maude, chercheur pour l’Asia Society Policy Institute.
« Points de frictions à aborder »
L’exécutif, qui a placé le dialogue au cœur de sa démarche mais ne veut rien céder sur les questions de sécurité, s’était déjà félicité d’avancées notables ces derniers mois avec les premières rencontres ministérielles, la levée de la plupart des mesures de rétorsion commerciales, puis, enfin, le retour de la journaliste australienne d’origine chinoise, Cheng Lei, le 11 octobre, placée en résidence surveillée pendant trois ans par le régime communiste pour avoir été accusée d’espionnage. L’Australie a également donné des gages de bonne volonté, notamment le 20 octobre, en annonçant qu’elle n’avait pas de raisons de remettre en cause le bail emphytéotique du port de Darwin, accordé, en 2015, à Landbridge, une entreprise appartenant à un milliardaire chinois proche du pouvoir.
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