Le 30 septembre, Les Guerrières de la paix, notre mouvement de femmes pour la paix, la justice et l’égalité, né en France il y a deux ans, partait pour un voyage en Israël et en Cisjordanie.
Françaises musulmanes, juives, chrétiennes ou athées, venant de Sarcelles (Val-d’Oise), de Paris et d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), nous étions accompagnées d’une délégation de femmes militantes du monde entier – iraniennes, ouïgoures, marocaines, sénégalaises, ukrainiennes, et même une opposante russe. Nous avons sillonné la région, des kibboutz du Sud, proches de Gaza, à Jérusalem en passant par Haïfa, Ramallah et Huwara, allant à la rencontre de militants palestiniens et israéliens qui luttent au quotidien, sur le terrain, pour la paix et la justice.
Au cours de ce voyage, nous avons participé, le 4 octobre, à la grande marche The Mother’s Call, organisée à Jérusalem par nos sœurs palestiniennes et israéliennes de Women of the Sun et Women Wage Peace. Depuis des années, ces femmes ont décidé d’agir ensemble pour qu’enfin une solution juste de paix soit trouvée pour leurs communautés, leurs familles, leurs enfants.
Nous gardons en mémoire leurs visages illuminés par l’espoir, mais aussi la gravité dans les regards de celles qui savent dans leur chair que la paix n’est pas une posture ou une utopie, mais bien une question de survie, le seul moyen d’arriver à la justice pour toutes et tous. Nous nous souvenons de ce moment puissant où notre amie iranienne, en notre nom à toutes, leur a adressé une vibrante déclaration de solidarité, et où des femmes du monde entier réunies là se sont dressées le poing levé pour crier ensemble « Femme, vie, liberté ».
Vivian Silver et Ali Abu Awwad
Les Israéliens comme les Palestiniens ne sont ni des slogans, ni des étendards, ni les échantillons d’une humanité réduite à des fantasmes. Sur place, ils nous ont expliqué à quel point la récupération de leur souffrance pour justifier la haine était non seulement indigne, mais constituait aussi un frein à leur plaidoyer pour trouver une issue à l’impasse dans laquelle se trouvent leurs deux peuples.
Ces personnes ont des noms, des histoires. Elles sont le vrai visage de la résistance, celui de celles et ceux qui, malgré les deuils et toutes les raisons de désespérer, continuent de miser sur la solidarité, la sororité, la fraternité et la reconnaissance de l’autre ; celles et ceux qui dénoncent avec courage le pire dans leur propre « camp » et tentent d’en incarner le meilleur.
Ce visage, c’est celui de Vivian Silver, cette guerrière de la paix de 74 ans, membre du kibboutz Beeri, qui nous a accueillies pour nous raconter comment son association lutte quotidiennement pour convoyer les enfants malades de Gaza vers les hôpitaux israéliens. Son sourire ne nous quitte pas. C’est aussi celui d’Ali Abu Awwad, dont le frère fut assassiné par un soldat israélien à un checkpoint et qui fut lui-même emprisonné pour son implication dans la lutte armée palestinienne. Ali Abu Awwad a désormais décidé de jeter ses forces dans le plus courageux des combats : la reconnaissance de la légitimité de l’autre et la lutte pour la paix.
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