Dimanche 23 juillet, les élections législatives en Espagne ont déjoué un scénario qui semblait écrit : une victoire retentissante de la droite conservatrice du Parti populaire (PP), qui, grâce à une alliance avec le parti d’extrême droite Vox, obtiendrait une majorité absolue. Un scénario qui a déjà eu lieu dans d’autres pays européens, comme la Suède ou la Finlande. Ou encore en Italie, dans une version affaiblie, lorsque Giorgia Meloni accédait au pouvoir, en 2022. Cette consultation s’annonçait ainsi comme un avant-goût de ce qui pourrait se produire lors des élections européennes en 2024.
Tout au long de la campagne, on n’a cessé d’entendre parler, sur un ton toujours plus alarmiste, de l’existence d’une vague réactionnaire mondiale. Un courant d’opinion qui aurait pris de l’ampleur dans d’autres parties du monde et qui serait sur le point d’atteindre la péninsule Ibérique. Comme si le script était écrit d’avance. Ou, plutôt, comme s’il s’agissait d’un fatum contre lequel il n’y aurait pas de remède. Les formations politiques de gauche, dépassées par l’ampleur du phénomène, se retrouveraient paralysées. Face à cela, il n’y aurait que deux attitudes à adopter : la résignation ou la peur.
Même le président du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, et sa vice-présidente et créatrice de la coalition de gauche Sumar, Yolanda Diaz, ne semblaient pas croire, alors, à la possibilité de renouveler le gouvernement. La vague réactionnaire était tout simplement trop forte et puissante. Face à elle, il ne restait plus qu’à sauver les meubles et à obtenir un résultat décent.
Défense d’une société ouverte et pluraliste
Or, à la surprise générale, les prédictions ne se sont pas réalisées. Les causes sont diverses, mais elles peuvent être synthétisées en quatre points. Tout d’abord, il faut souligner la mobilisation d’une partie de l’Espagne nationaliste périphérique. En particulier les régions basque et surtout catalane, qui ont massivement soutenu le candidat Pedro Sanchez. En effet, c’est dans l’ensemble des provinces de Catalogne que le PSOE a recueilli le plus de suffrages, ce qui n’était arrivé qu’en 2008.
Cette concentration des votes peut être liée au fait que le programme de Vox propose la « mise hors la loi des partis indépendantistes », ainsi qu’aux déclarations de son président, Santiago Abascal, qui a admis que, s’il était vice-président du gouvernement de coalition avec le PP, « la tension augmenterait en Catalogne ». En ce sens, le soutien des Catalans à Pedro Sanchez exprime à la fois une défense de la pluralité politique catalane et un certain désir de ne pas revenir à des périodes de confrontation aiguë dans la région. On peut voir dans la mobilisation de ces régions un soutien à la politique de détente territoriale engagée par le gouvernement socialiste depuis quatre ans.
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