L’Inflation Reduction Act (IRA), le plan américain inédit en faveur de la transition énergétique a fêté son premier anniversaire à la mi-août. D’un montant total estimé à 350 milliards d’euros sur dix ans, l’IRA représente un tournant dans l’engagement des Etats-Unis en faveur de la décarbonation.
Il inclut des subventions sous la forme de crédits d’impôts pour l’établissement d’usines de véhicules électriques et d’équipements verts ainsi que pour la production de composants pour le solaire (cellules, batteries) et l’éolien (turbines) ; de bonus à l’achat d’un véhicule électrique ; de crédits d’impôts pour la production d’électricité verte et pour les investissements dans la recherche.
Un plan américain massif et lisible
L’IRA a accru les inquiétudes européennes sur son retard dans la course aux technologies vertes. La Commission européenne a réagi précipitamment en bricolant un nouveau « Green New Deal » industriel permettant d’accélérer les procédures d’autorisations et d’accroître les aides d’Etat dévolues à la transition énergétique.
Toutefois, si le plan américain semble particulièrement efficace, ce n’est pas qu’en raison des montants engagés, qui ne sont pas si éloignés des montants européens si l’on inclut les subventions accordées par les Etats, mais sur la manière. Les subventions européennes passent par des procédures longues, complexes, peu lisibles et sont focalisées sur les dépenses d’investissement tandis que les aides américaines sont accordées sous forme de crédits d’impôts faciles à estimer et se concentrent sur les coûts de production.
La particularité de l’IRA est aussi qu’elle impose aux entreprises de localiser une majeure partie de leur production sur le territoire américain pour être éligible aux crédits d’impôts. Si cette perspective vise à réduire la dépendance américaine sur les composants chinois, elle pénalise également les entreprises européennes qui exportent vers les Etats-Unis. Toutefois, de nombreux constructeurs européens ont déjà des usines aux Etats-Unis et proposent davantage de voitures haut de gamme qui ne seraient de toute façon pas éligibles aux crédits d’impôt.
Batteries, panneaux solaires, hydrogène renouvelable
Au-delà de ce point particulier, l’Europe risque surtout de faire face à un déficit d’attractivité et de compétitivité majeur dans la production des composants-clés de la transition énergétique. Une étude du centre Jacques-Delors a évalué que l’IRA risque de réduire les coûts de production de secteurs-clés. Les batteries pourraient ainsi être 30 % moins chères à produire aux Etats-Unis qu’en Europe ; les panneaux solaires de plus de 50 % ; et le coût de l’hydrogène renouvelable pourrait tomber à zéro d’ici à 2030.
Il vous reste 31.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.